Terre d’abondance

En ce temps des fêtes, j’ai lu quelque part sur les réseaux sociaux, une phrase qui m’a marqué; « le plus beau cadeau que nous ayons, s’ouvre tous les matins de notre existence et ce sont nos yeux ». Il est vrai que la Vie révèle toute sa splendeur, ses couleurs, ses textures, ses dimensions (du moins certaines), et c’est à travers le regard, que nous percevons à la fois une émotion, une action platonique, ou une nature morte. Nous percevons la Vie qui s’anime, cette même énergie qui nous anime, puisque nous formons un tout, puisque nous sommes une infime partie de ce Tout!

 

Bien qu’il y a maintenant 5 ans que je vis plusieurs mois par année sur l’ile de Bali, elle ne cesse de ravir mes yeux. Je ne me lasse jamais de regarder la végétation débordante et démesurément gargantuesque (pour décrire Bali, je dis souvent que j’ai la sensation d’être dans le film « Chérie, j’ai réduit les enfants, tellement les feuilles des jardins sont énormes). Il y a les palmiers et les plants de bananiers qui dansent avec fluidité, délimitant les nombreux champs verdoyants de riz, qui constituent un élément essentiel dans la vie des Balinais, étant la culture principale de l’île. Je ne me lasse jamais de regarder les fleurs de frangipane. Soit elles virevoltent en se décrochant naturellement de l’arbre d’où elles proviennent, soit elles sont en bordure de la route en train de sécher sous un soleil de plomb pour ensuite être vendues au kilo afin d’être transformées en bâtonnets d’encens, ce qui parfume l’le tout entière. On observe plusieurs fois par jours cette magnifique fleur, insérée entre le majeur et l’index d’une femme balinaise, pour ensuite être trempée dans l’eau bénite afin d’en asperger les offrandes quotidiennes. Le mouvement délicat avec lequel les rituels sont effectués, sont si évocateurs de la ferveur religieuse des hindouistes balinais! Leur dévotion est palpable et le simple fait de les observer est un délice pour l’âme! Mais ce que je préfère… c’est de regarder les hommes balinais arborer fièrement les frangipanes derrière l’oreille, et ce, tout en conservant toute la masculinité qui leur revient!!!   Je ne me lasse jamais de regarder la beauté des champs de fleurs de souci qui détonnent de leur couleur orangé parmi la verdure des cultures maraîchères du nord de l’île. Il n’est pas surprenant que cette jolie fleur soit cultivée pour être dédié au Dieu Suprême (Sang Hyang Widi). On aperçoit d’ailleurs, partout dans les villages, des colliers de fleurs de souci qui sont vendu pour honorer Dieu et les avatars tels Ganesh, Bouddha, etc. Je ne me lasse jamais de regarder la mer du pacifique déferler sur les récifs de corail dénudés par les marées basses, ou encore de la voir déborder sur les multiples plages de sable noir des côtes. Par temps clair, je ne me lasse jamais de regarder les volcans de leur majestuosité, et dont leur imposante présence ancestrale invite au respect. La présence d’activité volcanique est en fait, l’une des raisons principales d’une telle diversité, d’une terre qui se veut fertile et gorgée de nutriments conférés par les sols volcaniques. La cendre provenant des entrailles de la terre est extrêmement riche en minéraux et en oligo-éléments. Les cultures maraîchères sont donc privilégiées grâce à l’amalgame de ce phénomène combiné au climat chaud et humide des tropiques. Parlant des tropiques, je ne me lasse jamais de regarder les éclairs relier ciel et terre, et de regarder les pluies torrentielles se déverser pour ensuite tirer leur révérence et laisser place au soleil ardent. À l’eux deux, ils forment une alliance parfaite qui favorise un équilibre qui met en lumière l’abondance qui règne sur ce petit bout de terre. Un équilibre mesuré au doigt et à l’œil… mesuré par les Dieux.

 

Cultivé depuis plus de 1000 ans, le riz est au coeur de la vie des balinais! Non seulement il nourrit le peuple (et ce même au petit déjeuner), mais il est également sacré aux yeux des balinais. Les balinais utilise encore aujourd’hui les techniques ancestrales s’appliquant à la culture du riz, comme par exemple le système d’irrigation très ancien, mais tout de même très efficace dans la distribution de l’eau. En grande majorité, les rizières sont en terrasses et donne un relief époustouflant au paysage. On inonde tout d’abord la plus haute terre de la série pour qu’ensuite l’eau puisse remplir les autres parcelles par le système éprouvé des canalisations. Une fois les bassins inondés, commence la fastidieuse mission de la plantation des jeunes pousses! Pendant des heures, les paysans, dos courbé, les pieds dans l’eau, installent brin par brin les petites pousses vertes d’une précision prodigieuse. Une multitude d’étapes suivront jusqu’à ce que les poussent deviennent à maturité, on y voit alors la formation des grains recouverts d’une belle membrane jaune dorée, indiquant l’approche de la récolte. Pour protéger les rizières, plusieurs techniques sont employées. Pour éviter les invasions d’insectes, les paysans dirigent des hordes de canards qui se délectent des petits intrus. Les oiseaux sont également perçu comme des indésirables, alors toutes sortes d’alambic sont installés dans les champs; réseaux de cordes auxquels on suspend des sacs de plastique, des épouvantails et la bonne vieille méthode de s’époumoner avec de grands cris pour éloigner les « pilleurs» de toutes sortes. Il y a 3 plantations annuelles sur l’île, dont le temps propice est variable selon de un, la disponibilité de l’eau et de deux, selon la consultation des astres! On aperçoit dans les rizières de petits autels en hommage à la déesse du riz Sri Dewi, gardienne protectrice des grains sacrés qui auraient, selon la légende été offert au roi Petru par un dieu, il y a de cela bien longtemps!!! Les grains sacrés, bien qu’ils soient l’aliment de base des habitants de Bali et qui se retrouvent dans les assiettes à chaque repas, sont également présents lors des cérémonies dont le nombre dépasse presque l’entendement, lol! Le prêtre balinais après avoir humecté les grains de riz avec l’eau bénite pose quelques grains de riz au niveau du troisième oeil, au niveau du chakra laryngé et parfois même au niveau du chakra cardiaque. On observe quelques fois de petits grains derrière les oreilles des hommes, qui apporterait parait-il, une meilleur écoute, non seulement physique, mais aussi au niveau holistique et spirituel. Finalement, quelques grains de riz sont portés à la bouche pour honorer mère nature, le riz représentant également celle-ci.

 

Je vous propose de pratiquer, en ce début d’année 2016, ce que l’on nomme en Yoga « Santosha », le contentement. De prendre le temps d’apprécier, la vie, de ressentir de la gratitude et d’honorer la Vie au sens large, tout comme les Balinais. Ceux-ci se soumettent constamment envers « le plus grand que soit ». Ils sont intimement liés à la nature et prennent le temps de l’honorer tous les jours, il prennent le temps de sacraliser la Vie et la Vie le leur rend par une richesse, une abondance incomparable. Les balinais possède la prospérité intérieur; la croyance!

 

En espérant vous avoir captivé, puisque pour moi tout ce qui englobe cette ile magique me passionne, m’enivre et m’ensorcelle…

 

Ôm Swastyastu

Signé Marie-Claude Ringuette

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